Enfin un
Conseil Consultatif de Développement opérationnel au sein de la Communauté d’agglomération Rouennaise (L’Agglo.) ! Celui-ci s’est réuni pour la première fois, selon l’édition du 26 juin 2008 de Paris-Normandie, mardi soir dernier. Peut-être un début de réponse au constat exprimé dans le numéro
Hors série pratiques n°29 de mai 2007 du mensuel Alternatives Economiques. Cette publication épinglait en effet l’Agglo. notant que celle-ci était « loin d’être un exemple en matière de concertation avec la population ». Début de réponse peut-être, mais quelle réponse ?
Selon la loi n°99-533 du 25 juin 1999 dites Loi Voynet : « Un conseil de développement composé de représentants des milieux économiques, sociaux, culturels et associatifs est créé par des délibérations concordantes des communes et des groupements. Le conseil de développement s'organise librement. Il est consulté sur l'élaboration du projet d'agglomération. Il peut être consulté sur toute question relative à l'agglomération, notamment sur l'aménagement et sur le développement de celle-ci. » Libre donc à l’instance communautaire de favoriser, au travers cet outil, une participation active des citoyens dans leur diversité et en articulation avec les instances des territoires ou de constituer une simple assemblée consultative regroupant des représentants de ce qui est classiquement appelée : « Société civile ». Il semble que ce soit la deuxième solution qui ait été retenue : chefs d’entreprises, présidents d’association, Président de l’Université… sont cités par la presse locale comme faisant parti des 95 membres de cette assemblée qualifiée de « consultative ». Manifestement, peu de participation, de concertation ou de délibération citoyenne en perspective.
Certes la mise en place est récente et peu d’informations sont encore à disposition, aucune en particulier sur le site Internet de L’Agglo. Ce qui augure mal, encore une fois, d’une association active des habitants. Une information a percé dès l’installation ou le réveil de ce Conseil : le Président de la Communauté d’Agglomération en sera Président au côté du PDG de la Société d’assurance mutuelle « Matmut » dont le siège est situé dans l’agglomération. A noter aussi que ses premiers travaux ont porté sur la future Communauté Urbaine, indice sérieux de suspicion d’une assemblée ad hoc pour mener à bien ce projet dont nous avons interrogé, dans le précédent papier, sa dimension démocratique.
Qu’en est-il ailleurs dans l’hexagone de ces Conseils de développement ? Prenons pour exemple les Communautés ayant organisé des Rencontres Nationales des Conseils de Développement au cours de ces 6 dernières années dont Lille, Nantes et Lyon. Aucune n’a opté pour une présidence du Conseil par le Président de la Communauté. La Communauté de Plaine Commune (93) affirme un principe d’autonomie selon lequel aucun élu ne figure au Conseil « pour préserver son indépendance ». Parmi les Présidents de ces Conseils, des Chefs d’entreprise (Nantes), des Urbanistes (Lyon), des associatifs (Lille) : chacun impulsant, probablement à sa manière, ses propres démarches d’animation.
Pour ce qui est des participants à ces Conseils, certains sont retenus et nommés par le Président ou le Conseil de la Communauté, c’est le cas pour Nantes Métropole. D’autres optent pour une réelle démocratisation de l’instance en suscitant des candidatures, en particulier citoyenne, c’est le cas des Communautés Urbaines de Lyon et de Plaine Commune.
Enfin, pour ce qui est du fonctionnement, là aussi une grande diversité existe. Certaines développent la participation active avec possibilité d’auto-saisines, par le Conseil, de dossiers qui lui paraissent importants pour la vie quotidienne. D’autres, moins autonomes par rapport au pouvoir politique, se limitent à des commissions mises en place par l’institution.
Le choix de la Communauté d’agglomération Rouennaise semble donc a minima de la participation citoyenne. Décevant, pour le militant que je suis de cette modalité démocratique qui, si elle sait s’en donner les moyens, peut animer le débat public qui permet de construire ensemble les projets sur un territoire. C’est ainsi que les Conseils de développement des Communautés de Communes et d’Agglomération susceptibles de se réunir en une Communauté Urbaine pourraient être les animateurs des débats autour d’un tel projet, aujourd’hui à l’ordre du jour.
Sources :
http://www.plainecommune.fr/page/p-353/art_id-/http://www.grandlyon.com/Conseil-de-developpement.1381.0.html[b]